Fraternidad de Thibault Vermot

Ha ! Voilà enfin revenu le temps de la grandeur d’une lecture Sarbacane ! C’est l’avantage de lire un roman tôt et non pas quand il est en plein milieu de son grand battage médiatique. Il faut dire que mes deux dernières lectures de la maison (Violette Hurlevent et le jardin sauvage de Paul Martin, illustré par Jean-Baptiste Bourgois et Toffee Darling de Joanne Richoux) m’avaient un peu déçue à cause de mes trop nombreuses attentes. Alors pour une fois, j’ai à peine lu le résumé et je me suis bouché les oreilles pour me lancer vierge d’a priori. Et bien, fichtre, mes coquins ! Quelle aventure ! Fraternidad est un roman tellement original. Avec les années, je suis de plus en plus difficile à surprendre, j’ai la prétention de penser que ma culture en littérature jeunesse est assez vaste et je vous prie de me croire sur parole, Fraternidad ne s’approche en rien de tout ce que j’ai pu lire jusqu’ici ! D’ailleurs, c’est le premier roman que je lis depuis que je suis devenue une partenaire officielle de Sarbacane ! Je ne suis que gratitude et joie d’avoir été choisie par une maison d’édition aussi géniale ❤ Et sinon, de quoi ça cause Fraternidad ? C’est une drôle de bestiole. Ed Perry est un lycéen plutôt ordinaire avec une passion qui ne l’est pas autant : les mousquetaires. Il est la risée de son lycée, constamment harcelé par des faquins. De sa vie misérable surgit un projet fou pour servir ses idéaux.

Je dois avouer que pendant longtemps, on ne voit pas trop où le roman veut en venir. Et pourtant une fois arrivé à la fin, tout fait sens car le cheminement est bien pensé. J’ai aussi été très agréablement surprise par la construction des personnages. Il y a tellement d’honnêteté ! Le peu d’aspects « cliché » est traité avec ingéniosité et du coup, les traits qui pourraient paraître forcés sont en fait intégré avec finesse dans la trame narrative. Par exemple, Ed est un looser, mais en même temps il n’est pas présenté de façon à être une gentille victime pour laquelle on éprouve de la compassion. Certes, ses bourreaux sont des connards finis, mais pour être honnête, il est vraiment un peu bizarre notre Ed. Cela dit, c’est son côté loufoque qui fait la force du roman. Ses drôles d’idées sont même le carburant du récit et j’ai adoré suivre son cheminement et son évolution au fil des pages. Il y a aussi deux autres personnages principaux qui arrivent un peu plus tard, mais je préfère ne pas vous en parler pour éviter de vous gâcher la surprise.

Un autre aspect bizarre, mais plaisant du roman : la construction. Il y a des passages de narration tout à fait banals, mais aussi des chapitres entiers rédigés en vers. L’idée est de donner un esprit plus ancien, marqué par l’influence des textes de cape et d’épée et du vocabulaire qui va avec. Pour être tout à fait honnête, j’ai toujours du mal avec la narration en vers, mais c’est ce qui fait ici la beauté du texte. La forme surprend, on perd nos repères, l’époque est parfaitement moderne, certains enjeux sont même tristement d’actualité et pourtant il y a une espèce de « patine d’antan » qui donne à Fraternidad une portée un peu hors du temps. Comme le mélange de deux aliments qu’on n’imagine pas du tout mélangés, mais qui sont finalement délicieux ensembles. En fait, ce roman de Thibault Vermot est un peu comme une tarte poire-roquefort. On est tout perdu sans nos repères, mais on aime tellement ça qu’on en redemande ! Si vous n’aimez pas le roquefort ça marche aussi avec un toast pain d’épice, foie gras, figue confite, bref vous voyez l’idée, un mélange sucré-salé.

Ce roman n’est pas tout à fait un coup de cœur, car il est un peu décousu parfois et il y a quelques petites longueurs, mais ça reste une excellente lecture ! Thibault Vermot nous prend par la main et nous emmène sur des sentiers qui n’ont jamais été battus avant. Il mélange les influences, mais il se les approprie avec brio pour créer une Fraternidad qui fait battre le coin chevaleresque de mon esprit de lectrice. Je ne peux donc que vous recommander de vous procurer ce roman lors de sa sortie en librairie ! En plus le travail de maquette est vraiment impressionnant et c’est un très très beau livre ! L’aventure débute le 21 août dans toutes les bonnes librairies, mais pas la peine de prendre votre rapière, vous risqueriez de faire peur à votre libraire. 

Y a-t-il des partenaires Sarbacane dans la salle qui auraient déjà lu ce roman ? Je suis curieuse d’avoir d’autres avis ! Et pour ceux qui ne l’ont pas encore chez eux, êtes-vous tentés ? 

Aragorn c’est cadeau, ça me fait plaisir.

8 réflexions sur “Fraternidad de Thibault Vermot

  1. Pingback: C’est le premier, je fais le bilan ! Août 2019 | La tête en claire

  2. Oh oui, je l’ai lu il y a quelques semaines, j’ai eu un peu de mal à en rédiger la chronique pour ne pas trop en dire, et je suis tellement d’accord avec la tienne, que je vais me permettre de la citer (j’attendais aujourd’hui pour publier la mienne). Très joli résumé, bravo !

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  3. J’ai vu celui-ci passer sur les réseaux sociaux et je dois dire qu’il me tape un peu dans l’oeil ! Ta chronique me donne encore plus envie de m’y essayer!

    Bravo pour ton partenariat avec Sarbacane ! Une super chouette maison d’édition, la classe 🙂

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