Bonjour mes chasseurs de livres! Aujourd’hui je vous parle de L’Aveuglement de José Saramago. C’est le dernier récit de science-fiction que je lis dans le cadre de mon cours sur le post-apocalyptique. José Saramago est prix Nobel de littérature (1998), il est l’auteur d’une oeuvre importante ou la SF se taille une belle part. D’ailleurs je viens de réaliser qu’il a aussi écrit L’Autre Comme Moi, adapté au cinéma par le génial Dennis Villeneuve sous le nom d’Enemy. L’Aveuglement est un livre sur lequel je n’arrive pas à avoir un avis tranché, mais je vous dis pourquoi après un bref résumé : Un jour, des hommes se mettent à devenir subitement aveugles. Ils voient tout blanc. Cet aveuglement se répand très rapidement. Le gouvernement craint alors une épidémie extrêmement virulente et décide de prendre des mesures radicales, quitte à devenir cruel. Il est donc décidé que tous les aveugles seront mis en quarantaine et isolés de tout contact au monde extérieur.
Ce qui frappe le plus dans ce livre c’est le style de l’auteur. José Saramago développe ici une écriture très dense : il y a peu de ponctuation, les parties de discours ne sont pas nettement détachées de la narration, et les chapitre sont longs. J’ai réalisé qu’un livre aérée permet d’avoir des repères visuels, on crée des sortes d’étapes mentales dans nos têtes. Alors que dans L’Aveuglement, chaque page est un condensé de mots parfaitement répartis sur le rectangle de la page, pas le moindre espace. Je pense que c’est un effet voulu, c’est un peu comme si nous étions aveuglés par les mots. Une autre perte de repères se fait par l’absence de prénoms. Chaque personnage est désigné par des traits généraux « la femme du médecin », « le premier aveugle »,etc. En plus il y a peu de descriptions de ces protagonistes, du coup on les imagine de manière assez floue. Tous ces traits rendent le récit un peu impersonnel et pourtant j’ai quand même réussi à m’attacher au personnage principal, à savoir la femme du médecin. Elle fait office de guide, dans ce monde où tout le monde est aveugle, sa vision devient la notre, elle est aussi notre guide. Au final cette écriture très recherchée est bien construite, elle fini même par être agréable mais il est parfois dur de rentrer dans le récit. Personnellement j’ai mis plus de 50 pages avant de réussir à m’habituer à cette narration si particulière, et dès que j’arrêtais de lire un peu trop longtemps il me fallait un temps de réadaptation.
Du coup pour les personnages, difficile de vous donner un avis précis puisque tout est fait pour les rendre distants. Mais bon, le coté impersonnel n’est pas non plus trop gênant et j’ai réussi à tous les identifier, certains sont même assez intéressants. D’ailleurs si vous lisez ce livre vous remarquerez que les femmes ont un rôle important, ce sont les seules qui ont encore à donner quand tout semble perdu. J’ai vraiment adoré la femme du médecin qui est forte, c’est un modèle, elle est la guide du groupe et même en connaissant ses faiblesses et ses limites elle fait tout pour les soutenir.
Sinon pour ce qui est de l’histoire, elle est parfois assez crue. L’Homme livré à lui même devient un être parfois abject voir bestial. Tous nos aveugles vont devoir lutter s’ils veulent garder une trace d’humanité mais surtout survivre. L’évolution de ces hommes enfermés et livrés à eux même est intéressante, l’auteur a su construire à merveille l’univers qu’il avait en tête, à tel point que parfois en arrêtant de lire j’avais l’impression que tout le monde autour de moi était forcément aveugle! De ce coté là je n’ai rien à reprocher au roman. Mais ce que je trouve dommage c’est qu’absolument tout est implicite. La méthode d’écriture donne au lecteur une forme de cécité, de pertes de repères. Aucune explication n’est donnée à cette mystérieuse cécité. A peine quelques lignes qui supposent que cette cécité est l’allégorie de l’aveuglement social et non physique des Hommes. L’auteur laisse au lecteur tout le travail de supposition. C’est certes une démarche comme assumée, mais de nombreuses pistes auraient pu étoffer L’Aveuglement pour le mieux.
Au final j’ai apprécié ce roman, même si le style est très particulier. Je trouve qu’il colle parfaitement au récit. L’ensemble se lit bien mais il me reste un petit goût d’insatisfaction. J’aime bien m’immerger à fond dans un roman et là j’ai parfois eu l’impression d’être rejetée, car cette densité d’écriture rend la lecture assez fatigante, il faut sans cesse réfléchir à qui parle et sans jamais avoir de pause visuelle, du coup je lisais rarement plus de 20 pages à la fois, et sur plus de 300 pages ce n’est pas vraiment l’idéal pour avancer. Donc je ne vous déconseille pas ce livre car c’est quand même une belle oeuvre, mais il faut s’accrocher!
Et vous qu’en avez vous pensé?
Bonne Lecture!
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Ahah ok ^^ Bouaaa tant mieux du coup si tu ne t’es pas ennuyée, c’est déjà ça de gagné !
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Je suis d’accord avec tous les points de ton article.
Il est fatiguant. J’ai même trouvé ça offensant quelques fois… Comme tu dis, l’auteur en fait beaucoup pour nous plonger dans la cécité, la fatigue visuelle, qui devient physique et mentale à cause de celle-ci.
Et j’ai trouvé ça décevant aussi que’on n’ait que l’esquisse du fait que c’était un « aveuglement social ». C’est bien, mais j’aurais souhaité aussi que ça aille plus loin…
Très fatiguant… Je viens juste de le finir. Il y a de très belles choses, leçons, des critiques fortes qui font réfléchir ; mais pour ma part ce n’est pas assez pour me procurer la satisfaction que je recherche et le sentiment d’accomplissement que j’ai d’habitude à la fin d’un livre.
Je me suis souvent ennuyée aussi… Je ne pensais pas à ce point en le commençant! Il y a trop de passages « longuets » pour dire pas grand chose. La beauté de l’écriture et de l’essence du texte, aussi de la morale se cachent peut etre en cela, mais ce n’est vraiment pas là dedans que j’y ai trouvé une once de plaisir.
Cela reste à mes yeux un bon livre avec beaucoup de bonnes choses, analyses vraiment touchantes et intéressantes. (mais meme pour ça je ne le relirai pas de si tôt)
A très vite !!
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Oui c’est vraiment ce qui manque à ce livre un sentiment d’accomplissement dans la lecture, et d’achèvement. A la fin il manque un truc. Par contre je ne me suis pas ennuyée en le lissant, j’ai même souvent accroché en dehors de tout ces défauts. Moi non plus je n’ai pas prévu de le relire =D
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Oh ! Ca n’a pas l’air simple. Depuis plusieurs mois je cherche (à mon rythme 🙂 ) des livres d’auteurs portugais. Pourquoi pas celui-ci ? Et si ne me convient pas, je pourrai au moins me satisfaire d’avoir lu un prix Nobel.
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Je pense qu’en temps que grande lectrice le style de l’auteur ne te gênera pas. Je ne le recommanderai peut être pas à quelqu’un qui lit peu mais je pense que tu pourras y trouver ton bonheur. En tout cas si tu e lis je serais ravie d’avoir ton avis!
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